ÉQUERRE D'ARGENT 2009 / NOMINÉ – ÉDOUARD FRANÇOIS - 99 LOGEMENTS SOCIAUX ET 12 ATELIERS D'ARTISTES
- 26/10/2015 à 07h00
- Rétrospective
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- Equerre d'argent 2009
Ce projet tire son intérêt des qualités urbaines propres à ce quartier faubourien de l’est parisien qui profite d’un maillage de venelles, de parcelles très étirées, de cours successives et d’un bâti hétéroclite de basse hauteur, porteur de transformations. Ateliers, petites surfaces de commerces, logements souvent vétustes se voient habituellement remplacés par des opérations neuves néofaubouriennes faisant fi de la morphologie des îlots.
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Contrairement à ces actions en cours qui conduisent la plupart du temps à boucher ou obscurcir ces tranchées perpendiculaires à la rue, l’architecte fait ici le choix d’exploiter l’intériorité de l’îlot Planchat-Vignoles, caractéristique de ce tissu irrégulier. Il le découpe en trois bandes de logements et ateliers, accessibles par un chemin semi-privatif qui renvoie aux traces des venelles et impasses anciennement distributives de l’îlot. Ces chemins ouvrent sur quatre développés de façades, deux en bordure d’îlot reprenant avec plus ou moins de distance les typologies alentour et deux façades, centrales et quasi symétriques, dissimulées derrière des échafaudages à glycines et derrière des escaliers droits qui desservent les logements , tous traversants. Ces deux façades centrales caractérisent une barre d’habitations à R+3 insérée par son petit côté et abordée par les ruelles de manière rasante, jamais frontale. La représentation de l’habitat collectif est encore déviée par la fragmentation volontaire des façades, soumises à des sursauts et décrochés horizontaux de 20 cm d’un appartement à l’autre. La trame structurelle est calée tous les 6 m afin que la barre de logements suive de près la pente du terrain et présente des variations de hauteurs. « Démolir ces alignements de brocantes urbaines ne fait pas partie de mon cahier des charges. Sur rue, je ne veux rien construire, je laisse les petits immeubles dignes d’une photographie de Doisneau tranquilles et je coule mon programme derrière », cadre l’architecte.
Le programme est donc abrité dans l’îlot, favorisant une vie collective du fait de l’absence de voitures en surface et des nuisances sonores de la rue principale. Un certain esprit villageois, usé par Edouard François qui cherche ici à s’affranchir des connotations des logements collectifs denses. Deux serres marquent les extrémités de l’îlot, en référence au parcellaire maraîcher. Elles font office de halls d’entrée, local à vélos, à poussettes, boîtes aux lettres. Des tubes fluo verts en teintent l’ambiance.
La question des vis-à-vis que l’architecte et le maître d’ouvrage ont jugés trop marqués dans le tissu traditionnel constitué d’étroites venelles a été ici absorbée par l’épaississement des façades de la barre centrale. Une bande verte plantée de pommiers et de pousses spontanées court le long des façades de bois et de béton. « La terre du site originel fortement souillée a été intégralement remplacée par un sol organique d’excellente qualité, planté d’essences certifiées bio, pour un paysage à venir ou les parfums, les fleurs, comme les fruits seront originels », prédit l’architecte avec optimisme. Les escaliers droits, accrochés aux façades et passant parfois devant les loggias des logements , revêtent des garde-corps bois à structure saillante, prêts à accueillir des grimpantes, alors que la glycine commence à monter le long de ces tuteurs qui s’élancent sur la hauteur du bâti. « L’opération ressemblera sous peu à une friche urbaine », se réjouit Edouard François . Et si les logements sont distribués directement par les escaliers-coursives, cette attitude – en plus de diminuer les charges de l’immeuble – révèle là aussi la volonté de fuir toute combinaison de type halls, ascenseurs, escaliers encagés et longs corridors de desserte qui collent à la caricature de l’histoire du logement social . L’architecte va jusqu’à diminuer les surfaces des logements par rapport aux surfaces standard. « Le logement social doit être et doit rester un logement transitionnel. Il n’est pas question d’en exagérer les surfaces ni le confort et d’en faire des palais pour bobos », pose Edouard François . Les F4 sont donc relativement petits, 88 m². Les salons d’un logement à un autre, souvent équivalents. Les cuisines, toute en longueur et perpendiculaires aux façades, sont organisées en venelles, elles aussi. Leur cloison ne bute pas sur la façade laquelle peut filer devant les pièces. Des loggias ou terrasses font office d’espaces d’entrée aux logements qui sont abordés directement par le salon.
De part et d’autre de cette barre de logements , des maisons, le plus souvent neuves mêmes si certaines sur rue ont fait l’objet d’une réhabilitation. Elles abritent ateliers et studios, ou petits appartements et sont caractérisées par leur bardage en façade repris littéralement du paysage environnant : la tuile mécanique rouge, le zinc, l’enduit à la chaux, le béton brut qui se verra couvert de vigne vierge ou de lierre.
Visitez le site de l'architecte : http://www.edouardfrancois.com/
- Lieu : 21-31 rue des Vignoles, Paris 20e.
- Maîtrise d’ouvrage : Paris Habitat.
- Maîtrise d'oeuvre : Edouard François , architecte ; Betom, Bureau d’études ; Talbot & associés économistes.
- Surface : 7 700 m² SHON.
- Coût : 10,7 M € HT.
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