Expo 2020 Dubaï: une subliminale présence française

C'est le projet de l'Atelier du Prado et de l'agence Celnikier & Grabli, qui a été choisi pour incarner la présence française à l'Exposition universelle de Dubaï en 2020. Avec une peau de lumière reprenant des motifs impressionnistes, le pavillon national mise sur l'expérience sensible. Inauguration de l'ouvrage en octobre 2020.

Pavilion France, Expo 2020 Dubaï, L’Atelier du Prado, architecture et urbanisme, Celnikier & Grabli architecte, Groupement Immersive(s), conception et réalisation de la scénographie du parcours intérieur - © L’Atelier du Prado, architecture et urbanisme, Celnikier & Grabli architecte, Groupement Immersive(s)
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On se souvient des voûtes de bois sculpturales imaginées par les architectes de XTU pour l'Exposition universelle de Milan en 2015. La proposition était aussi efficace dans l'image que dans l'expérience physique, et avait rencontré un joli succès auprès du public. Le choix de la Compagnie française des expositions (Cofrex) pour incarner la présence française lors de l'Exposition universelle de Dubaï en 2020 est autrement immersive. Bien moins plastique, le projet conçu par l'Atelier du Prado revendique l'épure formelle. Pas d'exploit structurel ni d'expérimentation constructive comme c'était le cas avec XTU. Contrairement à de nombreux pays participants qui ont compris l'importance de produire des objets inédits et attractifs pour faire parler d'eux, ce n'est pas sur la forme mais sur la stimulation des sens que les concepteurs français misent pour produire une expérience, plus universelle d'après eux. Avec ça, ils ont bon espoir de placer le pavillon français dans les cinq édifices les plus visités de l'exposition. Ordinaire et sans extravagance formelle, la structure métallique aux lignes modernistes qu'ils ont imaginée propose de travailler la «matière lumière» sur sa peau pour répondre au thème de l'exposition, «Connecter les esprits, construire le futur».

A l'ombre

«Le pavillon France est conçu comme une oasis d'où émerge littéralement un baldaquin de lumière», décrivent les architectes, soignant leur discours plus que leur projet. Leur principal geste consiste en la création d'un vaste auvent de 1500 m2 élevé à 20 m de haut par des poteaux. La structure abrite un parvis extérieur planté de 1000 m2 menant aux espaces d'exposition. Au cœur du golfe persique, où les températures grimpent jusqu'à 40°C, le confort des 25 millions de visiteurs attendus sur le site de la manifestation était un enjeu de taille. C'est donc à l'ombre, au cœur d'un jardin à la française -composé d'espèces endémiques, heureusement-, que ces derniers patienteront. Au-dessus d'eux, 2700 m2 de façade et de toiture couvertes de tuiles photovoltaïques, dont 1800 m2 diffuseront un paysage de lumière impressionniste et évolutif au fil de l'exposition. L'interminable file d'attente qui caractérise toutes les visites de pavillon devenant, dès lors, un événement en soi. «Ce sera une première immersion dans l'expérience France», d'après les concepteurs, lyriques. On est tout de même bien loin des œuvres extraordinaires qui ont illuminés les dernières expositions universelles, comme le pavillon espagnol et son tressage enveloppant signé Miralles Tagliabue ou celui, plus piquant, du Royaume-Uni conçu par le Heatherwick Studio à Shanghai en 2010. Et même du plus ancien pavillon suisse signé Peter Zumthor à Hanovre en 2000, dont les élégants assemblages de bois sont entrés dans l'histoire. Bref, le temps, pas si lointain pourtant, où les expositions universelles étaient l'occasion d'innover sur le plan de la construction semble révolu pour la France. Dommage, car le monde de l'architecture pourrait aussi, c'est certain, incarner «l'audace française» que la Cofrex souhaite mettre en avant à Dubaï.

A l'économie

S'il n'est donc pas question de produire une architecture démonstrative de ses atouts écologiques, d'utiliser des matériaux biosourcés ou de veiller au Bilan carbone d'un chantier en métal au milieu du golfe persique, le pavillon français est malgré tout garanti conforme à «trois piliers du bioclimatisme: contrôler les apports solaires, proposer une enveloppe très isolante et étanche, et limiter au maximum le recours aux énergies fossiles», d'après la Cofrex. La société souhaitant, avec ce projet réalisé en marché de conception-construction dont l'entreprise mandataire est le belge Besix, incarner la transition écologique et solidaire dont se prévaut la France. Dans le détail: 80% de l'énergie consommée par le pavillon français sera produite par le soleil, principale ressource locale, via son enveloppe. De même que la charpente métallique préfabriquée sera entièrement boulonnée pour faciliter son démontage et son remontage -où, on ne sait pas encore-, et les arbres des jardins seront replantés localement. Enfin, une microstation d'épuration recyclera les eaux usées et alimentera l'arrosage des jardins et les sanitaires, réduisant ainsi les besoins en eau potable du pavillon de 30%. Budget de construction estimé à moins de 15 millions d'euros.

  • Lieu : Expo 2020 Dubaï
  • Maîtrise d’ouvrage : Cofrex
  • Groupement de conception réalisation : Besix, construction et aménagement ; L’Atelier du Prado, architecture et urbanisme ; Celnikier & Grabli architectes ; SNAIK, mise en lumière ; O.T.E Ingénierie ; OTELIO, ingénierie du développement durable ; BEL ALTIA, acoustique et audiovisuel ; Groupement Immersive(s), conception et réalisation de la scénographie du parcours intérieur (Museum Manufactory/ANAMNESIA, SNAIK, DUCKS Scéno, NUSSLÏ GROUP)
  • Surface : 5100 m2
  • Calendrier : lancement du chantier, mai 2019 ; livraison, septembre 2020

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