- Accueil >
- Agenda >
- Exposition
Exposition: Mutations urbaines
- Cyrille Véran
- 30/06/2016 à 12h03
- Exposition
- Urbanisme
- Galerie
- 75 - Paris
Poser un regard sur notre environnement urbain et son futur, mieux le comprendre, tel est l’objet de l’exposition "Mutations urbaines" qui se tient à la Cité des sciences et de l’industrie à Paris.
Les six compteurs dynamiques matérialisant en temps réel l'expansion démographique.
En 2008, la part de la population mondiale vivant en ville est devenue majoritaire et ce mouvement ne devrait jamais s’inverser: l’ONU mise sur 2,5 milliards de personnes supplémentaires d’ici à 2050.
Comment cette croissance démographique se traduit-elle concrètement dans nos villes? Le bilan peut être lourd, pollution, engorgement, habitat précaire… Mais, en creux, pullulent d'heureuses initiatives aux quatre coins du globe. C’est ce portrait multifacette des villes et des enjeux qui les attendent que présente l’exposition "Mutations urbaines" à la Cité des sciences et de l’industrie à Paris.
L’exposition est grand public, mais nous sommes à la Cité des sciences et de l’industrie, et les commissaires Marie-Christine Hergault et Sophie Manoff, entourées d’un comité scientifique pluridisciplinaire, se sont employées à fournir des chiffres à l’appui de ces mutations. En préambule, six compteurs dynamiques matérialisent cette expansion en temps réel dans chaque continent. Des dispositifs interactifs et ludiques, plus ou moins simples, sont à découvrir dans une déambulation libre pour faire comprendre ces évolutions à l’œuvre. Vous êtes invités à deviner le nombre de data centers dans Paris et ses alentours en passant votre main sur un écran tactile matérialisant l’agglomération. Beaucoup moins facile: vous pouvez modifier l’organisation d’une ville fictive, en plaçant des quartiers de votre choix -mixte ou monofonctionnel, plus ou moins dense- de manière à minimiser leur impact en émissions de CO2. Outre les manipulations, cette partie de l’exposition intitulée "Villes sous tension" livre des témoignages d’habitants, rend compte dans un film de la situation des mal logés, et étaye son propos d'expériences telle celle des chercheurs de l’institut de physique théorique du CEA qui ont comparé la forme des îlots de 131 villes. Conclusion: où qu’on aille, il n’y a que quatre formes urbaines dans le monde.
Datavisualisation
Les enjeux globaux de l'urbanisation se cristallisent dans la séquence "Terre urbaine", réalisée par le vidéaste et documentariste Pascal Goblot. La projection sur un écran hémisphérique de 8 mètres de long et 3,5 mètres de haut d'une animation graphique dévoile, par des données chiffrées à l’échelle planétaire (130000 en tout), un aperçu des richesses, des inégalités, des pollutions, en pointant les villes "championnes" des particules fines.
Enfin, la 3e section de l’exposition fait place au foisonnement d’initiatives visant à rendre les villes plus accessibles, plus sécurisées, plus autonomes, et à juguler les crises auxquelles elles sont confrontées… Il y est question d’habitat bien sûr (on ne présente plus l’opération de logements d’Elemental au Chili), mais aussi de mobilités (le Skycyle, un réseau de 220 km de pistes cyclables imaginé par Norman Foster au-dessus de Londres, le parking silo automatisé à Tokyo…), d’espaces publics (la réfection d’un viaduc des années 1970 en jardins suspendus livrés en 2017 à Séoul par MVRDV), d’énergie (le réseau de chauffage urbain à Gaziantep en Turquie à partir de coques de pistaches), d’agriculture (ferme verticale), de sécurité (les sanitaires collectifs dans les bidonvilles en Inde). Le visiteur peut visionner quatre portraits de ville: la renaissance de Détroit –déclarée en faillite en 2013–, grâce à l’implication de ses habitants; le désenclavement des favellas de Medellin par l’amélioration des mobilités (téléphérique) et la reconquête des espaces publics; la vertueuse Copenhague qui compte devenir en 2025 la première métropole du monde neutre en carbone, un revirement quand on sait qu'elle misait dans les années 1960 sur la création d’infrastructures routières impliquant la démolition de quartiers entiers pour se développer; et plus ambigu, un modèle de smart city, Songdo, dont le nombre de caméras installées dans l’espace public donne le vertige mais tranquillise les mères de famille.
On achève la visite par une invitation à dessiner sa perception sensible du territoire urbain. Car cette exposition itinérante, qui sera présentée au Museum of London en juillet 2017 puis dupliquée pour le Science Centre de Singapour, vise aussi à s’enrichir des contributions de ses visiteurs.
-
Mutations urbaines,
jusqu’au 5 mars 2017
Cité des sciences et de l’industrie
30, avenue Corentin-Cariou 75019 Paris