L’aménagement, outil de la pédagogie, par Yad Space
- Laure Carsalade
- 03/12/2020 à 07h00
- 92 - Hauts-de-Seine
- Intérieurs
- Galerie
- Enseignement
- Reconversion
A Clichy (Hauts-de-Seine), Yad Space, assisté de Korus, a conçu l’espace intérieur d’une école privée internationale, qui a ouvert ses portes à la rentrée 2020 après un an de chantier. Les anciens bureaux avec parking sont devenus des espaces clairs et flexibles avec cour, au service d’un enseignement de l’autonomie et de la coopération, les lieux d’une appropriation spontanée.
Depuis quelques années, l’aménagement des bureaux se veut « agile », c’est-à-dire adaptatif en se pliant aux usages, évolutif au fil d’une journée. Mais qu’en est-il de l’école, censée préparer à cet avenir professionnel ? A Clichy (Hauts-de-Seine), des bureaux défraîchis ont été transformés en un lieu d’enseignement profondément repensé, allant du CP à la 3e, prochainement jusqu’à la terminale. L’architecte DPLG Zebranco a effectué la réhabilitation de ce R+2 de 1200 m2, contenant 12 salles de classe, un laboratoire de sciences (71 m2), un espace restauration-self et une cour extérieure de 345 m2. Yad Space, assisté de Korus, a ensuite pris le relais pour concevoir un aménagement sur mesure, se réunissant lors d’ateliers de coconception, autour de l’équipe pédagogique – une situation inédite. L'école visant à « préparer les enfants à un monde évolutif, international, numérique », précisent les cofondateurs, Cédric et Naïma Page, l’objectif consistait à traduire ses valeurs en termes spatiaux. Soit générer un outil au service d’un enseignement de l’autonomie et de la coopération.
Un bâtiment vitré, un CDI éclaté
Le bâtiment d'origine est doté d’une « intelligence fonctionnelle », souligne Jérémie Papon, AMO, avec « une construction horizontale, de belles hauteurs sous plafond, une grande exposition à la lumière du jour et le potentiel d’une cour arrière sécurisée, l'ancien parking ». Les concepteurs de l'aménagement - dont c’était la première école –, convaincus que l’espace impacte le comportement, se réfèrent aux Scandinaves pour l’ouverture, la souplesse, la création d’usages. Par exemple, le centre de documentation et d’information, qui occupe traditionnellement une salle non utilisée en continu, est repensé de manière éclatée : des couloirs habitables intègrent banquettes, étagères à livres, en accès libre pendant la récréation. Si ces interstices sont l’opportunité de générer des interactions entre tous, des différences d’univers par tranche d’âge restent identifiables. Comme l’illustrent les étages, arborant des teintes murales et des éléments graphiques qui jalonnent le parcours, dans un langage plus enfantin en R+1, et plus mûr en R+2. Donner aux usagers l’envie d’entrer était primordial, de générer un espace protecteur pour réintégrer par exemple des enfants en phobie scolaire. Le bureau situé dès l’entrée est visible grâce à un vitrage toute hauteur, sans être imposant, et un regard depuis le hall d’attente couvert dirige vers la profondeur de la cour.
La liberté pour l’appropriation
Dans les salles de classe, toutes en premier jour, il fallait « sortir des codes de la configuration bus et estrade, jugée archaïque, et privilégier un univers stimulant pour des effectifs réduits, 20 élèves pour 40 m2 », confirme Nicolas Maugery, de Yad Space. Ici, les salles de cours appartiennent aux élèves, les professeurs, eux, sont nomades, leur estrade étant tombée au profit de pupitres. Le mobilier est flexible en vue de reconfigurations rapides afin d’organiser un travail coopératif sur le modèle tertiaire en îlots. Tables et chaises individuelles sont légères, solides, sur roulettes. Dès le collège (en R+2), les inscrits ont un vestiaire individuel pour s’éviter le transport de documents trop lourds et de l’ordinateur personnel. L’esprit du lieu se fonde sur le pari de la confiance. Liberté est donnée aux élèves de s’exclure momentanément du groupe quand nécessaire, grâce à des recoins à l’abri des regards aménagés dans les classes. Une part d’inachevé sera à investir par les usagers, notamment une zone d’exposition, et avec la collaboration d’un artiste de street-art auprès des collégiens, une œuvre qui devrait orner la cour. Cette dernière abrite des appuis à vélos, une cabane, une table de pique-nique, quand un mur attend de futurs paniers de basket à des hauteurs aléatoires afin de « ne pas toujours répondre aux règles, et donner l’opportunité d’en créer de nouvelles », souligne Isabelle Kandil, responsable du pôle conception Korus Grands Projets.
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Maîtrise d'ouvrage : Ifea Ecole Emilie du Châtelet
Maîtrise d'œuvre : BNPPRE CWP (AMO, Jérémie Papon et Jean-Sébastien Lantourne), Zebranco (DPLG Didier Gauer, réhabilitation), Yad Space (Nicolas Maugery, aménagement intérieur tous espaces hors classes), Korus Conception (Isabelle Kandil & Mélina Kaldani, aménagement des classes)
Entreprises (ayant œuvré conjointement) : Emi tertiaire (électricité), Anthalpia (plomberie et climatisation), CCM et Kapla (second œuvre), Linhas Poentes (agencement)
Surface : 1200 m2 d'intérieur et 345m2 d’extérieur
Mobilier: distribué par AFCB, Muuto, Nordlux (éclairage), Narbutas, Cascando (panneaux acoustiques), Les Gambettes (chaises), MBA, Enea (fauteuils de travail), Quinze & Milan (poufs), Narbutas (armoires, fauteuils et coins lecture), ASEM (paillasses science), Actiu (pupitres)
Coût: NC
Livraison : juillet 2020