Le camp de migrants de Grande-Synthe: planifier la ville spontanée

Ravagé par un incendie en avril 2017, le camp de migrants de Grande-Synthe (Nord) avait fait l'objet d'une conception raisonnée par Médecins sans frontières (MSF). Epaulé par l’association d’architectes Actes & Cités, MSF avait construit le camp de la Linière en trois mois pour offrir un abri décent aux 1500 migrants présents dans la ville.

Le camp de migrants de Grande-Synthe (Nord) avait fait l'objet d'une conception raisonnée par Médecins sans frontières (MSF). - © MSF
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Plus habitué à la construction d’hôpitaux de campagne, Médecins sans frontières (MSF) a conçu son premier camp de migrants à Grande-Synthe, preuve de l’urgence sanitaire qui se joue dans le Nord. Sollicitée par la mairie en décembre 2015, l’association a planifié et bâti la Linière en trois mois, dans le respect des normes de l’ONU ; un record, malgré son peu d’expérience en la matière. Il fallait faire vite : la population du campement spontané du quartier du Basroch, insalubre et boueux, a explosé pour dépasser le millier de personnes. La morphologie du terrain proposé contraint son aménagement : le site s’étale sur un kilomètre dans le sens des vents dominants. « Nous avions prévu 500 tentes de 20 m2, mais des vents de plus de 100 km/h ont fait avorter le projet. La stabilité des shelters en bois installés dans la jungle de Calais nous a convaincus d’en produire 378 pour la Linière », rapporte Baptiste -Vergnet, ingénieur, responsable de la construction du camp chez MSF. L’agencement des petites habitations est exemplaire. Suivant les conseils des architectes de l’association Actes & Cités, MSF n’a pas aligné sans considérations urbaines les shelters, mais les a organisés par îlots de 20 unités. Centrés autour d’espaces laissés libres pour accueillir les équipements (école, distribution de vêtements et de nourriture) que bâtiront des associations, ils constituent des quartiers à échelle humaine répartis sur toute la longueur du site. « Cette organisation diffuse évite les zones-dortoirs où règne parfois un sentiment d’insécurité », explique Baptiste Vergnet. Cyrille Hanappe, membre d’Actes & Cités qui étudie depuis plusieurs années les camps avec ses étudiants de l’Ensa Paris-Belleville, juge que « la Linière est un modèle parce que les lieux de sociabilité ont été pensés dès le début. Mais il peut être amélioré, poursuit-il. Il est peut-être là pour très longtemps, il faudrait donc réfléchir à son évolution et à une meilleure intégration à la ville. Si l’on veut qu’un bidonville disparaisse, il faut le qualifier, et non le détruire. Sinon, les habitants iront le reconstruire ailleurs, en moins bien. Nous militons pour que cela soit un champ d’exploration pour les architectes ».

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