Le monde d'Hergé selon Christian de Portzamparc à Louvain-la-Neuve (Belgique)
- Alice Bialestowski
- 23/07/2019 à 10h00
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Il vient de fêter ses dix ans et n’a pas pris une ride.
A Louvain-la-Neuve (Belgique), le musée Hergé, loin d'être un musée au sens classique du terme, est un navire posé dans les bois dans lequel on embarque pour découvrir une production pléthorique trop souvent réduite à la seule figure de Tintin. Si du dehors, les grandes baies vitrées, semblables aux cases d'une planche de bande dessinée, font immédiatement référence à l’univers bidimensionnel de cet art graphique, à l'intérieur, le complexe dévoile une incroyable topographie. Christian de Portzamparc a réussi la prouesse de matérialiser une sorte de labyrinthe mental de 3 600 m2 où l'on déambule librement au sein d'un univers dont la richesse et la diversité sont inépuisables. C'est une architecture narrative qui joue de la fragmentation, des vides et des pleins pour établir des correspondances, susciter des découvertes. Dans un volume unitaire en triple hauteur, quatre unités abritent les salles d'exposition, reliées par des rampes, des galeries et des passerelles, de manière à changer les points de vue et la lumière, créer des événements dans un parcours. A noter que chaque grand volume se singularise par sa forme, sa couleur et son tracé, qui reproduit des extraits de dessins de Tintin. Ainsi le volume vert et vertigineux, incliné vers le centre du hall, est recouvert du graphisme souple de la falaise de l'île noire, repris comme un motif abstrait qui adoucit l'angle aigu formé par ses deux faces. C'est la ligne claire d'Hergé qui rejoint le champ tridimensionnel de l'architecture, comme si son trait était projeté, dessinant un parcours où le visiteur aborde son oeuvre du dedans.