Le palais de justice d’Ignacio Prego à Pointe-à-Pitre cache bien son jeu
- Laurie Picout
- 16/10/2019 à 07h00
- Réalisations
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- Equipement
- Béton
- Aluminium
- 971 - Guadeloupe
A quelques mètres seulement de la mer et face à la sous-préfecture, le nouveau palais de justice de Pointe-à-Pitre conçu par l’agence Ignacio Prego Architectures allie élégance et légèreté. Une illusion pour dissimuler un bâtiment résistant aux séismes, cyclones et intenses rayonnements solaires caribéens.
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Ignacio Prego - Portrait
Pour l’architecte Ignacio Prego, le principal enjeu du nouveau palais de justice de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, était de concevoir «un bâtiment familier et pratique pour réconcilier les citoyens avec l’autorité de la magistrature». En effet, à travers un bâtiment bas très vitré, loin des imposants monolithes opaques – néoclassiques mais aussi contemporains –, les concepteurs ont cherché à créer un bâtiment qui n’intimide pas le riverain.
Transparence et opacité
Ce nouveau bâtiment regroupe l’ensemble des services du tribunal de grande instance, auparavant dispersés sur plusieurs sites. Il abrite trois salles d’audience, alors que l’ancien palais de justice n’en comportait qu’une, et multiplie sa surface de plancher par trois. Mais malgré ses presque 6000 m2 au total, l’édifice n’est pas un empilement d’étages: il se développe dans la longueur. Et les façades se veulent ouvertes et transparentes, comme un affranchissement des codes autoritaires de l’architecture judiciaire, agrémentées de pare-soleil pour notamment respecter l’intimité des salles d’audience. Ignacio Prego souhaitait «conférer à cette construction une forme de sérénité et de force au travers d’une vaste intériorité ouverte sur la ville, un espace creux, profond et préservé. A la fois avec une ouverture symbolique sur l’espace urbain et le nécessaire retrait qu’implique l’action judiciaire». De l’extérieur, c’est donc une série de lamelles dorées qui se donnent à voir, une teinte qui répond aux façades ocres de la sous-préfecture de Pointe-à-Pitre située en face.
Contexte hostile
Le nouveau palais de justice apparaît ouvert et léger mais c’est pour mieux cacher sa complexité constructive. En effet, bâtir à Pointe-à-Pitre n’est pas un long fleuve tranquille: séismes, explosions volcaniques, cyclones ou encore fortes pluies, intensité des rayonnements solaires et salinité corrosive de l’air marin rendent le travail délicat. De plus, l’île ne dispose que d’une réserve limitée de matériel pour la construction. Ignacio Prego a donc fait le choix d’une ossature en béton armé continue entre le toit et les infrastructures, afin d’assurer le transfert des secousses sismiques jusqu’aux fondations. Une charpente métallique couvrant les espaces publics –salles d’audience et des pas perdus– vient compléter cette structure en béton. Les façades, également porteuses pour assurer le contreventement, sont en béton armé et châssis vitrés en aluminium. Les pare-soleil en aluminium doré –en finition anodisée afin d’être plus résistant– recouvrent l’ensemble des façades vitrées mais aussi les murs et toitures afin de les protéger de l’intense soleil caribéen ainsi que des chocs en cas de cyclone.
- Lieu : Pointe-à-Pitre, Guadeloupe
- Maîtrise d’ouvrage : Agence publique pour l'immobilier de la Justice
- Maîtrise d'oeuvre : Ignacio Prego Architectures (Ignacio Prego et Rémi Souleau)
- Programme : tribunal de grande instance
- Surface : 5893 m2 SP
- Calendrier : concours en 2011, chantier 2015-2018, ouverture en octobre 2018
- Coût : 24,2 M€ HT
- Entreprises : EGIS (BET TCE), Mazet & Associés (économiste), Vivié & Associés (acousticien), Plan 02 (BET HQE)