Le Pavillon circulaire d'Encore Heureux, un manifeste pour une architecture plus responsable
- Margaux Darrieus
- 27/10/2015 à 12h53
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- 75 - Paris
Visitable jusqu'au 3 janvier 2016 sur le parvis de l'hôtel de ville de Paris, le Pavillon circulaire conçu par l'agence Encore Heureux avec le soutien du Pavillon de l'Arsenal vante les bienfaits économiques et architecturaux du réemploi dans le monde de la construction.
Cimaises d’exposition pour faire plancher, surplus de tasseaux récupérés sur une réalisation de Rudy Ricciotti dans le XIIe arrondissement pour les plinthes, 180 anciennes portes palières en chêne d’un immeuble en réhabilitation en guise de bardage, plaques d'isolant prises sur un chantier de démolition, chaises récupérées aux encombrants... Construit à 70 % avec des matériaux de seconde main parisiens, le Pavillon circulaire installé jusqu’au 3 janvier 2016 sur le parvis de l’Hôtel-de-Ville de la capitale par le Pavillon de l’Arsenal et l’agence Encore Heureux est un démonstrateur : celui d’un avenir plus responsable pour la construction, basé sur l’économie du réemploi.
Conception par réaction
« 75 % des déchets d’Île-de-France proviennent du BTP et la construction de 1 m² de logement collectif produit 13 kg de déchets », expliquent Nicola Delon et Julien Choppin. Les fondateurs d'Encore Heureux maîtrisent le sujet pour avoir assuré le commissariat de la riche et très instructive exposition "Matière grise" présentée au Pavillon de l'Arsenal jusqu'en janvier 2015. Face à ce triste constat, leur proposition est simple : transformer les destructeurs en constructeurs en profitant des ressources insoupçonnées que constituent les rebuts du monde de la construction pour créer de nouveau. À la charge des architectes de connecter l’offre de déchets, les stocks, les surplus ou les refus de commande à leurs besoins de matière au sein d’une « conception par réaction » du projet. Le collectif belge Rotor a déjà tenté l'expérience avec la création de sa plateforme en ligne de vente de produits issus de la déconstruction. Mais pas question que l'usage ou l'esthétique de l'architecture pâtissent de ces choix. Le Pavillon circulaire en est l'habile démonstration. Avec sa toiture à sheds et sa peau de chêne - chic -, la petite construction de 70 m² a de l'allure. Certes rudimentaire - pas d'eau ni de sanitaire -, mais capable, elle a été conçue pour pouvoir héberger un café, des spectacles, des débats et même des ateliers de cuisine ou une menuiserie.
Fédérateurs
Construit en cinq semaines par 70 ouvriers de la Ville de Paris dont l'implication est estimée à 50 000 euros (seules la charpente et l’étanchéité ont été réalisées par une entreprise extérieure), le bâtiment aura finalement coûté 80 000 euros en matière et main d'œuvre extérieure. Ce n'est pas moins cher qu'une construction neuve. "Les innovations sont toujours coûteuses mais une fois que les idées auront infusé, l'économie d'échelle fera son travail", assurent les optimistes Nicola Delon et Julien Choppin. Le Pavillon circulaire démontre que beaucoup d’acteurs de la construction sont déjà sensibilisés à la question du réemploi et que les gisements de matières existent. Paris Habitat lance sa filière interne de réemploi et la Chambre syndicale française de l’étanchéité tente de valoriser les chutes d’isolant. Manque juste des fédérateurs pour que l'économie circulaire se diffuse dans le monde de la construction. Avis aux architectes!
- www.pavilloncirculaire.com
- Jusqu'au 3 janvier 2016
- Parvis de l'hôtel de ville de Paris
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