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Les espaces fantômes de Do Ho Suh - Exposition à Washington
- Alice Bialestowski
- 29/06/2018 à 11h12
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C’est dans l’air du temps, l’architecture inspire de plus en plus d’artistes contemporains. Rares sont ceux toutefois qui dépassent une approche conceptuelle pour produire une œuvre convaincante où, davantage qu’un sujet, la spatialité devient une expérience, un sujet sensible. Le Sud-Coréen Do Ho Suh y parvient magistralement, comme en témoigne « Almost homes », au Smithsonian American Art Museum, à Washington.
S’inscrivant dans la continuité du travail de ce créateur qui, depuis vingt-cinq ans, imagine et conçoit d’étonnantes sculptures architecturées avec du tissu polyester, l’exposition présente des installations immersives révélant un univers à la fois profondément familier et étranger. A travers sa production, l’artiste explore la nature de l’identité contemporaine, la mémoire, la migration ou encore les idées que nous nous faisons de la maison. Ici, les installations à grande échelle, les Hubs, sont des reconstitutions cousues main des habitations où il a vécu de par le monde. Elles deviennent l’illustration de sa propre itinérance – mais aussi de la nôtre –, qu’il s’agisse de sa maison d’enfance, de son appartement berlinois ou de celui de New York, reproduit grandeur nature. Ces structures s’accompagnent d’une série de salles communes et de passages que l’on peut emprunter. Si Do Ho Suh joue avec les couleurs, les superpositions et les échelles, le soin apporté aux détails – poignées, interrupteurs, prises de courant, etc. – contraste de façon troublante avec la matière utilisée, a priori impropre à la construction. Par sa transparence et sa légèreté, le tissu évoque l’absence, acquiert une dimension spectrale qui s’intensifie quand les œuvres sont posées en suspension, paraissant flotter au-dessus du sol.
Envoûtement
Conçues avec des techniques coréennes traditionnelles de couture associées à la modélisation et la cartographie 3D, ses « maisons-valises », comme Do Ho Suh les surnomme, peuvent être transportées dans n’importe quel endroit. A travers elles, la familiarité d’un espace domestique devient celle d’un espace liminal où la notion de « chez-soi » combine concept idéalisé d’un monde global et réalité physique, passé et culture immigrante du présent. Diaphanes mais tangibles, ces sculptures-habitacles ont une force plastique singulière et, au-delà du plaisir des yeux, le pouvoir étrange d’envoûter le visiteur.
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Do Ho Suh : Almost Home
Au Smithsonian American Art Museum, Washington, jusqu’au 5 août 2018