Manipuler les imaginaires architecturaux, un défis anthropocène - Exposition

À la Cité de l'architecture et du patrimoine à Paris, les architectes Thibaut Barrault et Cyril Pressacco ont invité 42 de leurs contemporains à se prêter à une expérience de détournement "d'objets trouvés".

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Comment ne pas abandonner l'architecture à la pratique nécessaire du réemploi ? Dit autrement, comment ne pas subordonner l'ensemble des enjeux de la conception aux exigences techniques et esthétiques d'éléments de construction préexistants au projet, quand le réemploi devient une condition sine qua non de la mise en œuvre de ce dernier ? Et surtout, du point de vue des architectes, comment garder la main sur le langage de leurs projets, c'est-à-dire sur les sens que produisent les signes préexistants qu'ils doivent désormais assembler, quand ils sont déjà porteurs d'imaginaires qu'on ne peut pas maîtriser ? C'est la question posée par les architectes Thibaut Barrault et Cyril Pressacco à 42 architectes français et européens de leur génération. Forts de l'expérience de transformation du half pipe de la plateforme de la création à la Cité de l'architecture et du patrimoine en une maquette au 1/20e d'un immeuble de logements néo-rationnaliste, ils ont voulu interroger la transgression des images et des imaginaires qu'induit le réemploi. Pour "tuer le second degré imprègnant les projets fabriqués à partir d'objets trouvés", le protocole de leur expérience est simple : choisir un artefact complet et le désassigner pour en faire la matière de nouveaux usages et de nouvelles spatialités. Sous le crayon de l'architecte Jean-Benoît Vétillard, le bureau ovale du président des États-Unis se fait abris bus. Avec les italiens de Piovenefabi, une rappe à fromage devient chapiteau de l'ordre du "Parmigiano". Tandis que chez Boman, les antiques compact-disc muent en persiennes aux reflets new-age. Dans ce catalogue de détournements symboliques, de trottinettes, de caddies, de satellites, de plaques de marbres ou de tuyauteries, des perspectives sérieuses posent des questions d'échelles et d'impact, de faisabilité et de disponibilité de la ressource, de permanence et d'impermanence des formes et des récits. Conceptualiser la distance entre les dimensions palpables et impalpables des objets n'est pas nouveau chez les architectes, depuis pourrait-on dire, la quête "de la présence du passé" de Paolo Portoghesi à Venise (1980) et les canards décrits par Robert Venturi, Denise Scott-Brown et Steven Azenour à Las Vegas (1972). Mais reconvoquer à l'heure de l'anthropocène, cet exercice intellectuel marqueur du mouvement postmoderne, interroge. Que cela nous dit-il de la manière dont la discipline architecturale va métaboliser, à l'intérieur de ses frontières, les enjeux environnementaux ?

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