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Office, la radicalité belge envahit Arc en rêve
- Margaux Darrieus
- 10/02/2017 à 06h00
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- 33 - Gironde
Prolongée jusqu'au 2 avril 2017 à Arc en rêve, à Bordeaux, l'exposition "Everything architecture", consacrée aux travaux de l'agence Office, propose une plongée dans la production intrigante des architectes belges Kersten Geers et David Van Sverens.
Arc en rêve, le très dynamique centre d'architecture de Bordeaux, fait preuve d'un savoir-faire certain dans la réalisation d'expositions monographiques. On se souvient de la réjouissante "Yes is more", montée en 2010 avec Bjarke Ingels, le fondateur de l'agence BIG (exposition qui ne doit pas être étrangère au fait que l'architecte danois réalise son projet français dans la capitale girondine). On se souvient aussi de celle consacrée, en 2013, à l’humaniste engagé Diébédo Francis Kéré ou, encore de celle réservée au délicat Studio Mumbai, en 2015. Toujours aussi pointu dans sa programmation et exigent dans sa forme, Arc en rêve expose cette fois les travaux d'Office, "bureau" d'architecture belge, comme il est d'usage de dire dans les contrées bruxelloises. Le savoir-faire scientifique d'Arc en rêve a trouvé un terrain de jeu optimal dans les travaux de l'agence fondée en 2002 par Kersten Geers et David Van Sverens. Ces derniers voient l'architecture partout -"everything architecture" annonce le titre-, du plus petit geste ou dessin, à la maquette au 1/10e et à l’équipement le plus complexe. Alors, au bureau, tout est répertorié, classé, et la nomenclature transforme le travail des architectes en une collection, à exposer.
Elémentaire
Construite en partenariat avec la AA de Londres et Bozar à Bruxelles (où elle a d'abord été présentée), l'exposition "Everything architecture" sort les objets d’art des étagères et déforme la nomenclature pour lui faire dire quelque chose de la pratique de ces architectes intransigeants. Les numéros, les échelles et les médiums se mélangent: une maquette minimaliste du projet n°23 (une passerelle à Gand livrée en 2008) jouxte celle, très détaillée, du n°176 (le siège de la radio télévision suisse à Lausanne, en cours); un des collages minimalistes dont Office a le secret et illustrant le n°75 (une opération de logements dans la périphérie de Genève en forme de losange, 2009) côtoie la maquette en acier au 1/500e du n°35 (une ville refuge au Maroc en forme d’oasis, 2007), etc. De ce pêle-mêle savamment conçu émerge des constances. L’attrait pour la trame, les couleurs et la géométrie élémentaire de Kersten Geers et David Van Sverens (le rond, le carré et leurs dérivés volumétriques) trouvent un parfait écho dans les arches de la grande galerie de l'entrepôt Laisné.
Ambiguïté
La radicalité formelle apparaît, chez Office, comme une source intarissable de créativité. Le générique n’y est pas rigide, au contraire. Il est l’occasion de créer des expériences spatiales singulières, d’ouvrir des possibles, de déplacer les usages. Comme dans ces deux maisons, l’une à Gand en Belgique, l’autre en Chine, où les 25 pièces de vie ont les mêmes dimensions et n’ont pas de destination prédéterminée (n°17, 2007 et n°51, 2008). L’agence cultive l’ambiguïté de ses propositions à travers l’apparente abstraction et le minimalisme des très beaux documents qui les illustrent. Sont-elles uniquement des explorations théoriques, voire des œuvres d’art autonomes et atemporelles, ou la réponse à un programme donné? Sujet d’un collage, l’édifice posé au milieu du désert et comme enveloppé d’un voile léger, existe-il vraiment? Plus loin, la maquette de la maille acier qui habille le projet n°126 (un centre des musiques traditionnelles à Bahreïn) suggère, mais ne certifie en rien la réalité de la proposition. C’est la force paradoxale d’Office, agence formaliste mais ouverte, engagée dans la valorisation d’une construction mentale et personnelle de l’espace.