Un immeuble de bureaux en structure mixte qui pulse à Saint-Denis, de BFV architectes
- Olivier Namias
- 24/07/2019 à 10h00
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- 93 - Seine-Saint-Denis
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A la limite d’Aubervilliers et de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), la place du Front Populaire marque l’épicentre de la ZAC Nozal, secteur d’aménagement de 40 ha où une zone d’entrepôts de la Plaine Saint-Denis se mue en nouveau quartier du Grand Paris. Présence presque incongrue au milieu des immeubles d’habitations, le bâtiment nommé « Pulse » ferme la partie sud-ouest de la place par un grand bloc sombre. « L’implantation reprend la trame des grands entrepôts voisins, explique Olivier Fassio, de l’agence BFV architectes. Nous voulions réinterpréter les châteaux de l’industrie, pour perpétuer la mémoire du lieu .» Un mur-rideau de quatre niveaux signale l’entrée, percement monumental inséré dans une façade ordonnée suivant le rythme répétitif de la trame de bureau (1,35 m). Une fois le hall d’entrée franchi, le visiteur découvre sur six niveaux une place couverte de 59 x 30 m, « un vide pour occuper la totalité du volume constructible tout en laissant le sol libre », indique l’architecte. Un contrepoint à l’espace public voisin évoquant l’atrium du Larkin Building de Wright. Ici, cependant, pas de brique mais du bois, signe d’une volonté précoce de s’inscrire dans une logique d’écoconstruction. « Lors du concours, il y a dix ans, convaincre une maîtrise d’ouvrage de construire en bois n’avait rien d’évident », indique Olivier Fassio. Pour les architectes, le choix de ce matériau se justifie autant par le Bilan carbone que par le bien-être de l’utilisateur. « Imagine-t-on le même espace en béton ? » interroge-t-il, en désignant les parois de l’atrium.
Modénature en plafond
A chaque niveau, des plateaux de bureaux de 4 000 m2 entourent l’atrium. Selon les besoins de location, la surface peut être divisée en deux plateaux de 2 000 m2, redécoupés selon un plan en L. Le noyau central en béton regroupe les blocs de service, les plénums techniques et les circulations. Les bureaux sont placés le long des façades intérieures et extérieures. Si, depuis la rue, des ventelles en aluminium sombres rappellent la matérialité du bois, les espaces intérieurs sont structurés et rythmés par des éléments porteurs en bois, de section réduite car posés tous les 1,35 m. La succession serrée des poteaux de mélèze lasuré le long des façades extérieures reconstitue une embrasure à chaque fenêtre. Vue de face, cette épaisseur cadre l’extérieur. De biais, elle forme une suite de plans éclairés renfermant l’espace vers l’intérieur des plateaux, évitant la sensation désagréable d’exposition constante sur la rue que peuvent donner les murs-rideaux. Les poutres en bois tracent une modénature en plafond. Des considérations pratiques autant qu’esthétiques justifient qu’elles restent visibles. « La logique du bureau en blanc conduit chaque locataire à réaliser des travaux d’aménagement, entraînant parfois le démontage-remontage de faux plafonds pour l’installation de cloisons », note Olivier Fassio. Une rainure au centre de chaque poutre indique l’emplacement des cloisonnements futurs. La réalisation d’un environnement de travail sain ne se résume pas aux 6 000 m3 de bois stockant 3 700 t de carbone. Tous les planchers techniques ont été récupérés sur des bâtiments en restructuration. Il est possible d’ouvrir les fenêtres, un geste simple malheureusement exceptionnel dans les bureaux. Quant à l’atrium, il joue un rôle central dans la régulation thermique du bâtiment, voire dans l’économie du projet : en ménageant une atmosphère tempérée, il évite le recours à un double vitrage sur le patio. L’air chaud accumulé s’évacue par des ouvrants placés à la base de la verrière, entourée en toiture d’une zone technique imposante recevant les exutoires de VMC et de désenfumage, ainsi que des équipements allant des panneaux solaires aux cuves de récupération des eaux de pluie, qui alimentent les potagers des toitures-terrasses. Un mur sépare ce secteur technique des bacs cultivés. Entre plans de tomates et de courgettes, les terrasses du 7e étage proposent une promenade aux usagers, qui peuvent contempler un Aubervilliers en mutation, comme un clin d’oeil au riche passé maraîcher de la commune.
- Lieu : Saint-Denis (Seine-Saint-Denis)
- Maîtrise d’ouvrage : Icade Tertial
- Maîtrise d'oeuvre : BFV Architectes (Bocabeille, Fassio, Viaud) ; Artelia, BET TCE ; Barthès, BET bois ; Arcora, BET façades ; Avis, BET acoustique ; Spooms, cuisine
- Programme : immeuble de bureaux, restaurant et commerces
- Surface : 30 000 m2 SP
- Calendrier : concours, 2009 ; livraison, 2019
- Coût : 60 M€ HT